L'esprit
sauvage de Vali Myers
Le
musée HR Giger à Gruyères, en collaboration avec la Vali Myers Art
Gallery Trust présentent les oeuvres mystiques de Valy Myers,
artiste multidisciplinaire australienne.
Dix
originaux (technique mixte sur papier) et 25 sérigraphies tentent de
dévoiler l'univers riche et vertigineux de la peintre
multidisciplinaire, Vali Myers. Appelée, entre autre la sorcière de
Positano, l'artiste exubérante décédée en 2003 laisse une oeuvre
complexe et intime. À la fois danseuse, peintre, muse, gardienne
d'animaux ou tatoueuse, ses travaux traitent de souffrance, d'amour
et de lutte au travers d'éléments symboliques. Avec ses
autoportraits à l'encre et aquarelle, la créatrice d'origine
australienne fait entrer le public dans ses délires emprunts de
mysticisme et d'onirisme. Elle dessinait la nuit car
disait-elle : « le sommeil ce n'est pas mon truc ».
Liberté
de création
Si
ses sujets impudiques peuvent rebuter un public sensible, ils font
acte d'une grande authenticité, comme si elle désirait nous donner
la clé de son esprit. Généreuse artiste qui se révèle
entièrement, sans filtre, sans autocensure.
Sa
propre représentation est quasiment omniprésente dans son oeuvre.
Ce visage au regard bleu qu'elle dessine depuis son enfance lui vient
d'une mémoire intérieure comme elle l'explique dans le documentaire
de Ruth Cullen intitulé « The painted Lady ». C'est le
portait de son esprit, ourlé de sa fameuse chevelure rousse, à la
fois emblème et armure.
La
frontière entre sa personnalité et son oeuvre est poreuse. Sa
vie, ses expériences, ses lectures (Moby Dick) et ses animaux sont
autant de matière à retranscrire sur le papier. Sans être un
journal intime, ses dessins dévoilent aux travers de ses croyances
un monde accessible à tous. Ils sont une brèche vers un
ailleurs onirique et spirituel qu'elle cherchait en permanence à
ressentir au travers de la nature, de la musique ou de l'alcool.
Dualité
des genres
La
masculinité et la féminité se côtoient et se mélangent, parfois
dans une même chair. Au regard de ses sujets, c'est une dualité
vers laquelle elle semble attirée. Elle confond les genres dans leur
représentation corporelle. Le corps n'en est alors plus vraiment un,
seul la puissance et les pouvoirs de celui-ci transparaissent.
Souvent nue, entièrement ou partiellement, entourée de
représentations animales, les seins tatouées, le pubis roux mise à
la vue de tous (Tarantata), Vali Myers provoque et interpelle
le spectateur faisant fi de tout jugement, ou de toute
désapprobation.
Symbolique
animale
Eprise
d'une passion ardente pour les animaux, une centaine vivait avec elle
en Italie, elle ne cesse de s'inspirer de leur présence. Le renard,
le chien ou le corbeau très souvent présent est une allégorie
qu'elle accompagne parfois de poésie. Tout comme ses décors, les
textes sont patiemment et précisément travaillés à la plume.
Sa
peinture symbolique s'inspirent à la fois de l'art nouveau, des arts
orientaux et des peintures rupestres. C'est richesse de gammes et la
récolte foisonnante de ses voyages et de ses amitiés.
Bio Vali Myers
Lorsqu'une
femme se tatoue une moustache, c'est un défi lancé au conventionnel
et un signe évident d'humour. Provocation et joie semblent en effet
être les mots d'ordre de Vali Myers.
Née en
1930 d'une mère violoniste et d'un père travaillant dans la marine
marchande, Vali Myers se souvient de la période scolaire comme d'un
cauchemar qui l'a finalement rendu plus forte. Enfant hors norme,
elle passe son temps à dessiner et danser. A l'âge de 17 ans elle
est première danseuse au ballet moderne de Melbourne. Lasse de cette
ville extrêmement conservatrice, elle prend le bateau pour la
France. En 1949, elle débarque à Paris avec l'espoir de vivre de
son art, mais la guerre a laissé la ville pauvre. Elle vivra trois
ans dans la rue avec des réfugiés gitans, devenant rapidement une
personnalité dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Expulsée
de Paris pour vagabondage, elle voyage à travers l'Europe puis
revient à Paris. Liée à Jean Paul Sartre, Tennessee Williams, Ed
van der Elsken, Jean Genet et Jean Cocteau, elle abuse d'opium et de
vie nocturne. Pour se sortir de cette impasse, elle emménage dans
une cahute sans électricité dans une vallée la côte amalfitaine
en Italie. Entourée d'une centaine d'animaux, chiens, ânes, poules
et de son favori, un jeune renard. Pendant quatorze ans il reste à
ses côtés lorsqu'elle crée, entre le crépuscule et l'aube. Ce
refuge est sont pied à terre jusqu'en 2002 avec des
allers-et-retours vers New-York et Melbourne où elle côtoie entre
autre Patti Smith, Andy Wharol, Diane Arbus et George Plimpton.
En 2003
de retour à Melbourne, âgée de 73 ans, elle est atteinte d'un
cancer de l'estomac. Dans sa dernière rencontre avec la réalisatrice
Ruth Cullen,Vali Myers dit avoir vécu la vie qu'elle avait choisie
et avoir fait tout ce qu'elle voulait. MR
Exposition
à voir au musée HR Giger à Gruyères jusqu'à la fin mai 2016,
informations www.hrgigermuseum.com
https://www.youtube.com/watch?v=vicBMg2mHqE