mardi 8 mars 2016

« Svalbard by night » impressions de deux navigateurs
La galerie Trace-Ecart présente  les travaux du couple d’artistes navigateurs Mélanie Repond et Benjamin Ruffieux. Les ambiances du Spitzberg se déclinent en noir et blanc sur une vingtaine de gravures sur photographies.

Mélina Repond et Benjamin Ruffieux, Trace-Ecart, Bulle 2016

À bord de Knut, leur voilier de vingt-cinq mètres, Mélanie Repond et Benjamin Ruffieux (respectivement graveuse et photographe) on visité il y a quelques mois une partie du Svalbard au nord de la Norvège. Communément nommé Spitzberg, cet archipel est un territoire égaré entre abandon et source d’espoir. On le dit habité par plus d’ours blancs que d’humains. Pour le couple de navigateurs, il est un trésor d’inspirations. Ils découvrent le lieu ensemble et reviennent avec des images sur pellicule et d’autres en tête, prêtes à émerger. À l’instar de Bernd et Illa Becher ou Christo et Jeanne-Claude, Mélina et Benjamin travaillent leurs oeuvres à deux. Chacun au travers du filtre de leur propre sensibilité, ils créent une image commune, troublant le jeu de la réalité. Il décèle l’humain par les marques de son absence tandis qu’elle insuffle ici et là les traces d’un passage animalier. Tous deux sont à la recherche d’une présence, bestiale pour la graveuse, humaine pour le photographe. « À vrai dire, je ne suis pas sûre qu’il y ait une vraie différence » suggère Mélina Repond qui n’a pas pour habitude de classer les choses dans des cases définies.
Sur le terrain lors des prises de vue ou en atelier pour les dernières opérations, les deux compères travaillent ensemble. « Il faut savoir lâcher prise, pour que naissent l’idée commune » ajoute le navigateur. Ils choisissent les sujets, définissent l’action qui pourrait s’y jouer, mettent en scène le leurre et passent sous presse. Cette technique perfectionnée depuis 2010 demande encore quelques ajustements mais offre de multiples possibilités que le binôme explorera encore, tout comme le territoire arctique qu’il retrouvera prochainement.
Deux visions
Cette fascinante approche artistique laisse apparaître clairement deux visions. Elles s’entrechoquent ou s’enlacent tissant un résultat qui repousse les limites habituelles des deux procédés. Là-bas, deux bernaches s’envolent, quittent le cadre d’un ciel gris, ailleurs un renard furète. L’intégration de la gravure est saisissante, la trame de celle-ci se mêle au grain de la photo argentique. Ici, un iceberg photogène trône à la surface d’une obscurité océanique où est gravée une sombre silhouette. Le spectateur doit jouer avec la lumière ambiante pour y apercevoir la réminiscence d’une banquise fondue depuis longtemps. L’illusion fonctionne et dérange car elle marque plus encore le propos ; la disparition d’un territoire de glace. Benjamin Ruffieux souligne:« Bien plus qu’une recherche technique, notre but est de documenter cette région au travers de notre propre approche artistique». Avec leur association Maré Motrice, ils élargissent encore ce désir en accueillant sur le Knut d’autres artistes qui complèteront cette documentation. Dans cette optique, le plasticien David Brülhart qui a obtenu récemment la bourse de la mobilité du canton de Fribourg, naviguera cet été avec la prochaine expédition. MR

Galerie Trace-Ecart « Svalbard by night » à voir du 5 au 20 mars, jeudi,vendredi 14h-18h samedi,dimanche et jours fériés 14h-17h http://www.traceecart.ch/


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