mercredi 11 février 2015

 François Reamy sculpteur, Marianna Gawrysiak galeriste et André Sugnaux peintre

 
Une année jubilaire pour le Vide-Poches
André Sugnaux internationalement reconnu pour son travail de mémoire des goulags est l’invité du Vide-Poches à Marsens. Il y présente ses œuvres aux côtés des sculptures de son ami de longue date, François Reamy.

André Sugnaux dévoile cinquante tableaux réalisés durant les trois dernières années. Tous sont empreints de son incessant travail sur l’histoire des goulags. Même les paysages du Jura ou de la Glâne sont marbrés des scènes et de l’émotion des plaines de Russie. Comme si le peintre n’avait de cesse d’y graver l’hommage à ces prisonniers du froid et de l’histoire. Ses tempéras ne renvoient à aucun mouvement artistique, c’est une peinture émotionnelle pétrie d’années d’écoutes et de perception de la souffrance. Si elle peut aisément se lire sans décryptage, elle y recèle de symboles propres à la démarche de l’artiste.
Symbolisme
La trace tout d’abord. Celle qui se définit sur le bas de toutes ses œuvres, représente le chemin de vie de ces milliers de détenus. Des traits verticaux dessinent les poteaux électriques, seuls éléments qui faisaient lever la tête des prisonniers. À l’horizontale, les fils électriques, ce trait noir signe d’espoir, incarne l’unique lien à la civilisation libre. Il y a aussi ces bandes de couleurs horizontales, symboles de la fumée du transsibérien (toile intitulée « Hommage à Blaise Cendrars ») ou ailleurs, souvenirs des habits rayés des zeks. « L’arc-en-ciel est aussi la marque du temporel vers l’intemporel » explique André Sugnaux. Le spectateur peut y découvrir d’autres allégories, ou simplement ressentir la puissance qui se dégage des huiles. Comme si le passé se liait au présent.
Si le peintre présente fréquemment la condition de l’homme par le paysage, il en est autrement pour la  série sur l’ethnie des yakuts. On y découvre des portraits de femmes et d’enfants baignés des lumières violacées, qui ont les faveurs du peintre. Une approche différente qui reste un témoignage tout comme les objets et récits oraux qu’il ne cesse de récolter avec l’aide de l’Union des artistes russes.
Clowns et humour
Dans un ton plus léger, le sculpteur François Reamy présente vingt-deux sculptures que l’on croirait en bronze. C’est en réalité une technique de recouvrement du métal par un mélange de plâtre et de résine sur calicot. Une couche de peinture verdâtre donne l’illusion du vert-de-gris. Ses bonshommes disproportionnés, clown, danseur ou promeneur, font penser à des adolescents empruntés. Avec leurs bras trop longs, ils se cherchent une contenance que le sculpteur leur concède parfois, en leur offrant un livre. Aucun visage pour ces personnages, les chapeaux habilement positionnés donnent l’expression voulue, les rendant attendrissants. Une citation associée à chacun attestent le côté malicieux de l’artiste qui ne manquera pas de faire sourire le visiteur. MR
Ouvert me-je-sa-di 13h à 17h, artistes présents les week-ends. Dimanche 8 février et 1er mars, André Sugnaux racontera la Russie.

Les 15 ans du Vide-Poches

Quinze ans, ce sont 71 expositions et presque 150 artistes exposés. Marianna Gawrysiak, à la tête de la galerie dès le début, donne la préférence aux artistes fribourgeois en alternant autant que possible, artistes confirmés et débutants. La galerie sise dans l’enceinte de l’hôpital psychiatrique laisse aussi entrer l’art brut. La galeriste cherche à tout prix à rendre les expositions tout public. « Nous accueillons autant les visiteurs de l’extérieur que les patients avec leur famille et mes collègues de l’hôpital. » souligne Marianna Gawrysiak. Les accrochages deviennent un lieu de rencontres en humanisant l’environnement psychiatrique. Pour cette année jubilaire, le Vide-Poches accueille des artistes reconnus comme Alphonse Layaz, Gisèle Rime, Noël Aeby ou Guerino Paltenghi.

Publié dans le Journal "La Gruyère" février 2015


dimanche 8 février 2015

 
C'est l'hiver à la galerie Osmoz

L'écharpe est de rigueur pour visiter la nouvelle exposition de la galerie Osmoz à Bulle. Rita Blanc y expose ses aquarelles hivernales, de la neige et une bise froide à découvrir dès à présent.

Rita Blanc l'artiste peintre de Pringy porte un aptonyme parfait. Blanc comme la neige qu'elle peint depuis des années. Passionnée par ces espaces recouverts d'un manteau neigeux, l'aquarelliste aime y étudier ses nuances si délicates. « S'il ne se met pas à neiger ces prochains jours, je vais finir au chômage » rigole-t-elle.  Elle cherche la plupart de ses inspirations hivernales, en plaine ou en montagne, préalpes fribourgeoises ou alpes valaisannes. Rita Blanc déniche des coins sauvages avec, pointant à l'horizon, un pan de chalet, une barque abandonnée ou un arbre givré.  En été, c'est en Bretagne qu'elle retrouve ce même souffle, entre falaise, mer et vieilles cabanes de pêcheurs.
Jeux d’ombres
L'artiste n'a pas peur des difficultés. Le contrejour semble être un jeu pour elle, et l'ombre bleutée de la neige, si complexe à retranscrire, un challenge qu'elle relève avec maîtrise. Ses compositions sont un savant mélange entre ce que l’on voit et ce que l’on devine. L'aquarelle, longtemps perçue comme un art mineur, car utilisée comme études par les scientifiques ou les peintres, a trouvé par la suite ses lettres de noblesses. Cette technique ne pardonne aucune erreur de pinceau. Un trait posé est un trait visible. Ses outils légers et relativement simples permettent de travailler sur le terrain et d'y retranscrire un maximum d'ambiance.
La vingtaine d’œuvres est aussi un hommage aux bâtiments. Chalets ou fermes, la peintre respecte scrupuleusement l’architecture. Elle retrace ainsi non seulement une atmosphère mais l’inventaire de lieux hors des sentiers battus, dont elle connaît parfaitement les noms.
Ambiances
Rita Blanc peint le plus possible en extérieur, « parfois il fait si froid que je dois prendre des pauses pour me réchauffer dans la voiture où j'ai installé un petit chauffage ». Sur cette vue du Châtelard, avec ses gonfles soufflées contre les barrières à neige, ce ciel lavis d’un bleu glacial, l'impression de froid se mêle aux souvenirs d'enfance et des joues qui givrent.
«Entre ce que mes yeux voient, ce que ma main trace et ce que mon coeur veut transmettre, il y a un long chemin » explique-t-elle. Un parcours à visiter jusqu’au 8 février. MR
Publié dans le journal "La Gruyère" février 2015
Galerie Osmoz, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 14h à 18h ou sur rdv 079 383 17 78