mardi 26 janvier 2016

Peintures et sculptures à travers le temps

La nouvelle exposition du vide-poche à Marsens réunit l'artiste peintre Isabelle Vaillancourt et le sculpteur Hans Schöpfer. Deux artistes dont les oeuvres se répondent agréablement dans une exposition abondante.
les cerfs d'Isabelle Vaillancourt


La galeriste du Vide-Poche Marianna Gawrysiak présente une exposition étoffée et riche en surprises. Avec plus de quarante tableaux la peintre Isabelle Vaillancourt invite le spectateur à parcourir un bestiaire mystérieux dans des teintes d'ocres et de bleus. Ce large ensemble offre des visions qui semblent venir d'un lointain passé, à la manière d'une peinture rupestre que l'on découvre aujourd'hui. La peintre nous conte des histoires aux travers de ses temperas ou la figuration laisse une place équivoque à l'abstraction. À moins que cela soit l'inverse. L'anatomie des animaux ; chevaux, vaches, lynx, lézards ou bouquetins y est méticuleusement détaillée, hypnotisant le regard. Régulièrement, ses tableaux paraissent scindés d'une dualité marquée à la fois par les couleurs et les sujets. Dans sa toile la plus récente (à peine sèche) intitulée «Equilibre » deux mondes surgissent en haut et en bas du tableau. Des édifices évoquant l'architecture de la renaissance surplombent une nature représentée par un feuillage touffu, quelques champignons et un couple de chauve-souris enlacées. Cette étonnante coexistence dépeinte comme une fresque brumeuse offre une deuxième dimension à l'oeuvre. Un espace qui n'appartient qu'à celui qui observe. « Ce qui est important pour moi c'est de laisser de la place pour l'imaginaire des gens. Le figuratif ne doit pas être écrasant, je ne veux pas tout dire » explique l'artiste peintre. Elle suggère des ambiances, guide sans jamais imposer.
Les travaux du sculpteur Hans Schöpfer rejoignent cette même approche suggestive au travers d'éléments quêtés de part le monde comme ces morceaux d'un bateau de la deuxième guerre mondial remontés à la surface de la méditerranée. Retravaillant la pièce à la feuille d'or ou en accentuant la rouille, il invite à la rêverie que procure ces deux éléments antagonistes. « La rouille c'est un peu la fin de la vie, et l'or le symbole de l'éternité » explique-t-il. Habitué à créer des séries, le sculpteur en propose une créée spécialement pour cet accrochage. L'artiste s'intéresse à l'esthétique qui incite à la méditation. « J'utilise des disques de coupe car ils représentent toutes les séparations que l'on subit dans son existence. Malgré tout c'est essentiel de rechercher toujours le positif » La série nommée « Mandala, méditation sur l'imperfection» fait partie des oeuvres accessibles vendues 99 francs et 99 centimes. C'est sa réponse satirique à son agacement envers la spéculation du marché de l'art. « Si elle peut changer son quotidien, j'aimerais que chacun puisse s'offrir une pièce» raconte-t-il. D'autres sculptures ludiques se laissent toucher ou même manipuler poussant encore un peu plus loin l'interaction avec le spectateur. Hans Schöpfer prend garde à ne pas se répéter, et propose donc un panel très éclectiques de ses créations. MR
Galerie Vide-Poche, Marsens me-je 13h-17h, sa-di 13h-17h et sur rdv jusqu'au 14 février.

parution journal La Gruyère  16 janvier 2016