jeudi 5 décembre 2013

Eyes Wide Shut




Un petit bout de plastique a incrusté un idée dans ma tête, je n'en démords plus.
Je l'ai scanné et soudain j'ai eu envie.
D'obscurité, de toucher...mais nons ça n'a rien de cochon!
Cet échantillon d'acétate m'a forcé la main. Je l'ai fait!
J'ai commandé un kit de développement couleur.
Pour me remémorer l'obscurité disais-je, les doigts qui cherchent et ne trouvent pas alors que j'ouvre désespérément des yeux qui ne servent à rien.
La joie de parvenir à  refermer la cuve Jobo.
Et puis l'odeur, les bruits et cet instant jouissif (non! je vous ai dit que c'était pas pervers) de sortir le film encore mouillé de sa spire.

La suite c'est une autre histoire, je vous le ferai savoir.



Sonja Rosalia Bauters dans son atelier de Crésuz, le 3 décembre 2013 ©MR



Sonja Rosalia Bauters nous dévoile les symboles d’un ailleurs. 
 « Entre chien et loup » est le titre de la nouvelle exposition de Trace-Ecart. Les pastels de Sonja Rosalia Bauters, artiste peintre installée à Crésuz, donnent de la couleur à un soir d’octobre. La trentaine d’œuvres, crayon et pastel, est visible à la galerie de la Tour-de-trême jusqu’au 22 décembre. Rencontre dans son atelier.




 parution journal "La Gruyère" 5 décembre 2013

«  Un peu d'ombre et de lumière au partage entre chien et loup. La forêt redevient pierre et le renard est jaloux. Moi je rêve à la fenêtre mon bateau s'en va vers vous et j'ai vu vieillir les hêtres. Je veux vivre près de vous, je veux vivre près de vous. (extrait) »Emile Gardaz laisse avec ce poème ( Soir d’octobre) un ancrage inspirateur pour Sonja Rosalia Bauters. Intriguée par ces vers, elle y a puisé l’impulsion de départ pour la réalisation de ses oeuvres. Puis Goethe avec le Roi des aulnes, ou la musique baroque, Didon et Enée, ont soutenu son inspiration, offrant les couleurs et les thèmes de ses ambiances vespérales.

L’artiste, habituée à travailler la peinture à l’huile, n’avait plus dessiné au crayon depuis douze ans. Elle accepte malgré tout le défi que lui propose Jacques Cesa « parce que c’est à la fois un challenge et un honneur », explique-t-elle. Après deux mois de pratique, elle se sent à nouveau à l’aise avec le pastel, et prête à créer les premiers tableaux de l’expositon. 
Sonja R. Bauters, d’origine Flamande, se définit comme une peintre classique. Ses œuvres démontrent une connaissance technique maîtrisée, ainsi qu’une attention particulière donnée à la structure de ses fonds. Très souvent travaillés à la caséine pour ses peintures à l’huile, elle a choisi cette fois-ci un papier aquarelle suffisamment résistant, collé sur bois, qu’elle enduit de pastel et térébenthine. Ainsi fixée, la couleur peut ensuite être recouverte d’un fin dessin au crayon. Fidèle à ses symboles de prédilection, on y observe entre autres, des corps emmêlés, des chevaux, des crânes et des drapés,  sa signature en quelque sorte. Ces voiles toujours présents sont constamment différents, efferverscents, ou insaisissables comme sur le tableau intitulé « Angoisse de la mère ».


 Faut-il être sage ou fou? pastel Sonja R.Bauters 2013

Une retraite dédiée à la peinture
Peintre professionnelle depuis 1967, elle a aussi été professeure à l’académie des beaux-arts de Sint Niklaas en Flandres jusqu’à ces soixante ans. Aujourd’hui retraitée, elle ne s’arrête pas de peindre. «Toutes mes pensées se tournent vers ma peinture, je me sens toujours entièrement avec elle. Vivre seule me permet cela. Je me lève vers 6h, je promène mes chiens puis je peins jusqu’au repas de midi. Je poursuis ensuite jusqu’à la tombée de la nuit. En général, sept jours sur sept. » Tournant le dos aux fenêtres de son atelier de Crésuz, elle assure dans un sourire, pouvoir vivre encore 500 ans sans manquer d’inspirations ni d’envie de les peindre. La littérature, une simple discussion, la nature ou la musique sont autant de sources dans lesquelles elle trouve son souffle. Une phrase lui donne une idée, elle laisse mûrir sa réflexion «ça macère et finalement j’ai le tableau fini dans ma tête ». Il devient dès lors urgent de le peindre, une nécessité physique sans quoi elle avoue devenir nerveuse et irritable.

Le symbolisme
Sonja R. Bauters aime nous raconter des histoires. De celles qui ne se déroulent qu’à la tombée de la nuit, quand les éléments n’ont plus tout à fait leur forme réelle. Elle nous parle de la mort tout en douceur, mais surtout de ce qu’il y a entre nous et le reste du monde. De cet espace invisible et pourtant bien réel qu’elle représente par le voile, ce drapé mouvant. Serait-ce les pensées ou les émotions, flottants dans les airs ? Peut-être. Chacun pourra y voir sa propre vérité alors que Sonja Rosalia Bauters continuera de les peindre. « Je ne m’arrêterai pas, d’ailleurs ma plus grande angoisse est de mourir et de ne pas pouvoir la dessiner » MR
Informations utiles : www.traceecart.ch (tout nouveau site internet, il n’en n’avait pas avant) Exposition ouverte du jeudi au dimanche, de 14 h à 18 h, galerie Trace-Ecart, 1630 Bulle.