jeudi 2 mars 2017

L'artisanat d'art, le tournage sur bois

Oeuvre de Jérôme Blanc, musée de Charmey, 2017


Dès le 26 février 2017, la nouvelle exposition du Musée de Charmey dévoile les œuvres de onze tourneurs sur bois. Des pièces contemporaines qui plongent cet artisanat ancestral dans une dimension artistique.

C’est une alliance efficace que propose Patrick Rudaz pour sa nouvelle exposition au Musée de Charmey : une coalition fructueuse entre un savoir traditionnel et des idées contemporaines. Un tour à pédale du 17ème siècle côtoie son cousin d’aujourd’hui. Une installation marquant clairement l’envie du commissaire d’exposition Jean Baptiste Bugnon, d’ancrer dans le temps cette pratique du tournage sur bois. Apparu 1’300 ans avant J.C., le tournage à façon connaît une période faste au milieu du 19ème siècle. Plus tard, les balustres carrés, l’usinage assisté par ordinateur et l’arrivée du plastique mettent fin à cette industrie. Ce n’est que dans les années huitante que le tournage sur bois revient en force en Europe. Fini le façonnage à la chaîne, le tournage d’art sort gagnant de cette évolution industrielle.
Repousser les limites
Les onze sculpteurs proposent des travaux personnels qui poussent toujours plus loin les possibilités techniques à leur disposition. Pascal Oudet (France) tourne ses pièces jusqu’aux limites de la matière. Il ne reste alors que les anneaux de croissances de l’arbre qui forme une véritable dentelle. Même audace pour les œuvres de François Prudhomme qui travaille sur la transparence du bois. Oscillant entre la sculpture pure et l’objet utilitaire, le tourneur de Neirivue élabore des lampes qui s’imposent dans les deux secteurs. Jérôme Blanc de Carouge réunit la sensualité du bois et la froideur du code binaire. Il transforme la surface végétale en un étonnant velours de formes géométriques. En fin technicien, Jean Baptiste Bugnon (Grandsivaz) réalise des œuvres puissantes, et ose la couleur. Seule une fine observation et les traces volontaires de ses outils permettent encore d’identifier le bois. Nommées « Eclosion », ses pièces évidées, laquées de rouge ou de bleu éclatant prennent naissance dans une souche que l’on pourrait croire de bronze ou de céramique. Devant les bas-reliefs tout en douceur d’Isabelle Pugin (Romont) les visiteurs tactiles auront de la peine de ne rien effleurer.
Bois vert ou sec
Deux écoles se distinguent parmi les artistes. Les adeptes du bois séché et ceux qui leur préfèrent le bois vert. Les deuxièmes doivent jouer avec les fêlures et les entraves du bois, accepter les courbes inattendues sans vouloir les combattre. Jacques Gutknecht, sculpteur à Treyvaux, choisit le bois séché qui correspond mieux à sa manière de dominer la matière. D’une infinie précision, son travail de persévérance et d’intense concentration laisse sans voix.
Musée de Charmey du 26 février au 7 mai.
Atelier de démonstration avec Jean Baptiste Bugnon 5-19-26 mars, 2-3 avril 14h-16h30 ou sur rdv. 026 927 55 80
Visite en compagnie des tourneurs le 12 mars et 23 avril, 16h30.