jeudi 8 mai 2014

Résidence artistique, deux ans après

Ce matin encore, avant même d'avoir pris mon petit-déjeuner, j'avais déjà reçu quatre photos via WhatsApp, mon fil d'actualité FB regorgeait d'images et Linkedln m'invitait à trois expositions photo. Nous sommes envahis d'images. À l'excès souvent, jusqu'à l’écœurement parfois. Vous imaginez le dilemme en tant que photographe, rajouter à cet amas, mes propres clichés! Pourquoi? De quel droit? À quoi bon! Adieu veau vache, cochon et couvée!
J'en étais là dans mes angoisses lorsque je tombe sur cette phrase : "Notre époque péfère l'image à la chose, la copie à l'originale, la représentation à la réalité, le paraître à l'être!" Je me suis dit, BINGO!! Ce type a tout compris de nos errances visuelles du 21ème siècle.  
Sauf que cette citation d'un certain Ludwig Feuerbach  date de 1843. Comme quoi je n'étais pas la première à me prendre la tête sur la validité de l'acte photographique. Soulagée, je me rends compte que j'avais simplement oublié que l'humain et l'image sont liés par une indéfectible connivence, et ce depuis l'homme des cavernes (plus loin je sais pas).
Ce qui complique les choses par rapport à l'époque du Daguerréotype (donc bien longtemps après les gribouillages de Lascaux), c'est la démocratisation de la photographie. La technique n'est plus un obstacle et les supports de lecture sont ominprésents. Dans moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, on pourra faire une photo simplement en clignant des yeux et tout un chacun pourra la visionner instantanément sur ses Google Glass.
Cette accessibilité m'est à la fois agaçante et perturbante, mais elle a le mérite de me repousser dans mes retranchements. S'il est devenu aisé de réaliser une bonne image (encore faut-il savoir ce qu'est une bonne image, mais n'ergotons pas là-dessus pour l'instant), c'est toujours aussi difficile de donner de la cohérence à l'entier de son travail. Bref ça reste compliqué de trouver son propre langage, et c'est en ça que la résidence "Im Wedding" à Berlin a été une aide précieuse. Elle offre le temps nécessaire pour trouver (retrouver) son propre jargon artistique.

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