L'artisanat d'art, le tournage sur bois
Oeuvre de Jérôme Blanc, musée de Charmey, 2017
Dès le 26 février 2017, la nouvelle exposition du Musée de
Charmey dévoile les œuvres de onze tourneurs sur bois. Des pièces
contemporaines qui plongent cet artisanat ancestral dans une dimension
artistique.
C’est une alliance efficace
que propose Patrick Rudaz pour sa nouvelle exposition au Musée de Charmey : une
coalition fructueuse entre un savoir traditionnel et des idées contemporaines. Un
tour à pédale du 17ème siècle côtoie son cousin d’aujourd’hui. Une installation
marquant clairement l’envie du commissaire d’exposition Jean Baptiste Bugnon,
d’ancrer dans le temps cette pratique du tournage sur bois. Apparu 1’300 ans
avant J.C., le tournage à façon connaît une période faste au milieu du 19ème
siècle. Plus tard, les balustres carrés, l’usinage assisté par ordinateur et
l’arrivée du plastique mettent fin à cette industrie. Ce n’est que dans les années
huitante que le tournage sur bois revient en force en Europe. Fini le façonnage
à la chaîne, le tournage d’art sort gagnant de cette évolution industrielle.
Repousser les limites
Les onze sculpteurs
proposent des travaux personnels qui poussent toujours plus loin les
possibilités techniques à leur disposition. Pascal Oudet (France) tourne ses
pièces jusqu’aux limites de la matière. Il ne reste alors que les anneaux de
croissances de l’arbre qui forme une véritable dentelle. Même audace pour les œuvres
de François Prudhomme qui travaille sur la transparence du bois. Oscillant
entre la sculpture pure et l’objet utilitaire, le tourneur de Neirivue élabore
des lampes qui s’imposent dans les deux secteurs. Jérôme Blanc de Carouge réunit
la sensualité du bois et la froideur du code binaire. Il transforme la surface végétale
en un étonnant velours de formes géométriques. En fin technicien, Jean Baptiste
Bugnon (Grandsivaz) réalise des œuvres puissantes, et ose la couleur. Seule une
fine observation et les traces volontaires de ses outils permettent encore
d’identifier le bois. Nommées « Eclosion », ses pièces évidées, laquées de
rouge ou de bleu éclatant prennent naissance dans une souche que l’on pourrait
croire de bronze ou de céramique. Devant les bas-reliefs tout en douceur
d’Isabelle Pugin (Romont) les visiteurs tactiles auront de la peine de ne rien
effleurer.
Bois vert ou sec
Deux écoles se distinguent
parmi les artistes. Les adeptes du bois séché et ceux qui leur préfèrent le
bois vert. Les deuxièmes doivent jouer avec les fêlures et les entraves du
bois, accepter les courbes inattendues sans vouloir les combattre. Jacques
Gutknecht, sculpteur à Treyvaux, choisit le bois séché qui correspond mieux à
sa manière de dominer la matière. D’une infinie précision, son travail de
persévérance et d’intense concentration laisse sans voix.
Musée de Charmey du 26 février au 7 mai.
Atelier de démonstration avec Jean Baptiste Bugnon 5-19-26
mars, 2-3 avril 14h-16h30 ou sur rdv. 026 927 55 80
Visite en compagnie des tourneurs le 12 mars et 23
avril, 16h30.