Peintures
et sculptures à travers le temps
La
nouvelle exposition du vide-poche à Marsens réunit l'artiste
peintre Isabelle Vaillancourt et le sculpteur Hans Schöpfer. Deux
artistes dont les oeuvres se répondent agréablement dans une
exposition abondante.
les cerfs d'Isabelle Vaillancourt
La
galeriste du Vide-Poche Marianna Gawrysiak présente une exposition
étoffée et riche en surprises. Avec plus de quarante tableaux la
peintre Isabelle Vaillancourt invite le spectateur à parcourir un
bestiaire mystérieux dans des teintes d'ocres et de bleus. Ce large
ensemble offre des visions qui semblent venir d'un lointain passé, à
la manière d'une peinture rupestre que l'on découvre aujourd'hui.
La peintre nous conte des histoires aux travers de ses temperas ou la
figuration laisse une place équivoque à l'abstraction. À
moins que cela soit l'inverse. L'anatomie des animaux ; chevaux,
vaches, lynx, lézards ou bouquetins y est méticuleusement
détaillée, hypnotisant le regard. Régulièrement, ses tableaux
paraissent scindés d'une dualité marquée à la fois par les
couleurs et les sujets. Dans sa toile la plus récente (à peine
sèche) intitulée «Equilibre » deux mondes surgissent en haut
et en bas du tableau. Des édifices évoquant l'architecture de la
renaissance surplombent une nature représentée par un feuillage
touffu, quelques champignons et un couple de chauve-souris enlacées.
Cette étonnante coexistence dépeinte comme une fresque brumeuse
offre une deuxième dimension à l'oeuvre. Un espace qui n'appartient
qu'à celui qui observe. « Ce qui est important pour moi c'est
de laisser de la place pour l'imaginaire des gens. Le figuratif ne
doit pas être écrasant, je ne veux pas tout dire » explique
l'artiste peintre. Elle suggère des ambiances, guide sans jamais
imposer.
Les
travaux du sculpteur Hans Schöpfer rejoignent cette même approche
suggestive au travers d'éléments quêtés de part le monde comme
ces morceaux d'un bateau de la deuxième guerre mondial remontés à
la surface de la méditerranée. Retravaillant la pièce à la
feuille d'or ou en accentuant la rouille, il invite à la rêverie
que procure ces deux éléments antagonistes. « La rouille
c'est un peu la fin de la vie, et l'or le symbole de l'éternité »
explique-t-il. Habitué à créer des séries, le sculpteur en
propose une créée spécialement pour cet accrochage. L'artiste
s'intéresse à l'esthétique qui incite à la méditation.
« J'utilise des disques de coupe car ils représentent toutes
les séparations que l'on subit dans son existence. Malgré tout
c'est essentiel de rechercher toujours le positif » La série
nommée « Mandala, méditation sur l'imperfection» fait
partie des oeuvres accessibles vendues 99 francs et 99 centimes.
C'est sa réponse satirique à son agacement envers la spéculation
du marché de l'art. « Si elle peut changer son quotidien,
j'aimerais que chacun puisse s'offrir une pièce» raconte-t-il.
D'autres sculptures ludiques se laissent toucher ou même manipuler
poussant encore un peu plus loin l'interaction avec le spectateur.
Hans Schöpfer prend garde à ne pas se répéter, et propose donc un
panel très éclectiques de ses créations. MR
Galerie
Vide-Poche, Marsens me-je 13h-17h, sa-di 13h-17h et sur rdv jusqu'au
14 février.
parution journal La Gruyère 16 janvier 2016