mardi 10 mars 2015

EXPOSITION AU CHÂTEAU DE GRUYÈRE JUSQU'AU 21 JUIN

“Si fa sera” l’invisible de Loredana Sperini
Loredana Sperini, peintre et sculptrice zurichoise, envahit de son émanation artistique les salles du château de Gruyères.




“Si fa sera” (quand la nuit tombe) est le titre de la nouvelle exposition de Loredana Sperini au Château de Gruyères. Lauréate de nombreux prix et résidences, l’artiste internationale installée à Zürich expose pour la première fois en suisse romande. Elle y présente une trentaines d’oeuvres techniques, surprenantes et parfois intimidantes. Depuis une dizaine d’années, son travail développé initialement à partir du dessin et de la broderie, prend de nouvelles directions grâce au ciment, à la cire et au métal. La riche palette de ses matériaux de prédilection, atteste une nécessité marquée pour le travail manuel. Un besoin de faire, de toucher, d’étirer, de malaxer; une démarche artisanal pour un propos instinctif. Les oeuvres de Loredana Sperini parlent de lumière, de naissance et de mondes indicibles. L’imposante sculpture de verre et d’aluminium laqué posée au centre de la salle voûtée, évoque la porte d’un au-delà. Le visiteur accède ici à l’univers vespéral de la créatrice.
La cire
Matière fétiche de l’artiste, la cire se confronte au ciment. Le substrat minéral est laminé de plusieurs couches de cire colorée.  Des formes simples, souvent des triangles, sont répétés et accroissent l’aspect mystérieux de ses ambiances. Loredana Sperini possède son propre théorème, une sorte de vocabulaire mathématique qui conte un univers furtivement accessible. De ses tableaux, amalgames géométriques de douceur et de force, se dégagent une étonnante vibration. Ils entrent en résonance avec l’améthyste recrée en ciment taillé et cire violette. Une main émerge du cristal et accentue la sensation déjà très organique de ses différentes installations.
Si son oeuvre permute de plus en plus vers l’abstraction, de nombreux moulages de fragments de corps humains sont régulièrement utilisés.
Fragmentation
Dans la deuxième salle, les reproductions de mains et de pieds où poussent des doigts supplémentaires semble délogées d’un cabinet de curiosités. Tout aussi surprenants, des fragments de céramiques ré-assemblés sont visibles dans la collection permanente du musée. Lors d’une résidence à Berlin, elle déniche dans un marché de la ville, des collections de morceaux de porcelaine. Ces anciens bibelots, retrouvés dans les ruines de la seconde guerre mondiale sont récoltés par certains. Touchée par l’aspect testimonial de ces objets brisés, elle en assemble les différentes parties pour en reconstituer une nouvelle pièce.  
D’autres tableaux à l’encaustique sur bois remplacent certains portraits d’Auguste Baud-Bovy. Ce jeu entre art contemporain et oeuvres anciennes est désormais le clin d’oeil régulièrement mis en place par le conservateur Filipe Dos Santos.
Dans les salles réservée à l’exposition temporaire, une autre matière est encore exploitée. Une fenêtre en résine noire impose sa présence hypnotique. Un cristal ou une météorite traverse le cadre, et absorbe la lumière. Deux autres fenêtres blanches équilibrent les sensations.
Le néon, cher à l’art contemporain, trouve aussi sa place dans la salle des gardes. Sa lumière vibrante frémit en cadence avec les teintes exploitées par la peintre.
Un point commun relie toutes les oeuvres de Loredana Sperini, une envie irrépréhensible de les toucher. MR
publication journal "La Gruyère" mars 2015
Vernissage 6 mars 18h. Exposition ouverte tous les jours jusqu’au 21 juin.

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